Partie 4: Littérature - Etude Critique



Le Cadre Spatio-temporel ~ Bel-Ami


Bel-Ami est un roman qui appartient au mouvement réaliste ; à travers les  descriptions précises, les lieux existants, les faits réels, le milieu journalistique, l’ambiance politique, financière et sociale, Maupassant retrace la poursuite d’un homme arriviste à son ascension sociale. Une question donc se pose, comment l’auteur a-t-il pu exploiter le tableau de la société parisienne dans les années 1880 afin de dépeindre un portrait parfait de Georges Du Roy (le protagoniste) et de son entourage ? Ainsi que, en quelle mesure a-t-il mis en œuvre un cadre spatio-temporel réaliste ? Nous allons aborder par la suite le temps dans le roman, les lieux du roman, le contexte historico-politique et le choix des saisons dans la succession des évènements.   

En premier lieu, le temps dans le roman est un facteur primordial. En effet, Bel-Ami se déroule sur une période approximative de trois ans. La chronologie manque de précision et il n’est pas possible de donner des dates précises de début et de fin du récit. Néanmoins, nous savons que l’histoire se déroule dans les années 1880, considérant les différents évènements réels rapportés par l’auteur (la situation dans les colonies, le régime politique, etc.). L’incipit du texte nous apprend que l’histoire débute un 28 juin (probablement de l’année 1880),  pendant « une de ces soirées d’été où l’air manque dans Paris ». Nous savons également que la scène finale du mariage de Duroy se déroule « par un clair jour d’automne », sans plus de précisions.
Le roman est divisé en trois grandes temporalités différentes soit en trois périodes  distinctes. Nous rencontrons George Duroy très pressé dans la première période, qui s’étend sur quelques jours seulement (4 premiers chapitres). Ce sont les premières introductions du héros dans une nouvelle sphère sociale, celle de son ami Charles Forestier. Par la suite, le temps s’écoule un peu moins vite, l’histoire est centrée sur le duel de Duroy et la mort de Forestier, deux évènements qui influencent beaucoup le héros. Après la mort de son camarade journaliste, il comprend que ses ambitions demandent un certain temps, et il progresse plus lentement dans la seconde période, qui dure plus ou moins deux ans.
Ainsi que, l’histoire du livre qui s’étend sur une longue période de temps a passé par plusieurs saisons qui ont été symboliques de chaque évènement :  L’été symbolise les désirs qui se mirent devant les yeux de DuRoy ainsi que la période des amours. Georges est insatisfait en désirant l’impossible : argent et femme « D’une rencontre amoureuse ». Duroy a un désir de se venger car il ne lui manque rien dès le 28 juin. Maupassant le décrit d’un « soldat tombé dans le civil ». L’argent lui manque autant les femmes ; les deux lui manquent comme de « l’air ».

En deuxième lieu, nous pouvons diviser les lieux du roman en deux genres différents : d’une part les lieux extérieurs (qui ne sont pas à Paris) et Paris de la fin du XIXe siècle, où se déroule la majeure partie de l’histoire.
D’une part, nous pouvons remarquer que Maupassant a inclut dans son roman plusieurs lieux extérieurs à Paris qui ont joué un rôle important. Tout d’abord, il y a l’Algérie, une référence au passé mal connu de Georges Duroy. Le narrateur évoque ce pays au début du roman, lorsque nous découvrons l’ancienne carrière militaire du héros. Le sujet est abordé deux fois, d’abord lors du dîner chez les Forestier dans une conversation où Duroy brillait en captivant l’attention de son auditoire. L’Algérie est aussi le sujet de son premier article qu’il écrit avec l’aide de Madeleine de Forestier.
Ensuite, la ville de Cannes (sud de la France, Côte d’Azur) est le lieu symbolique de l’agonie et de la mort de Charles Forestier. L’environnement est reposant, et le paysage que domine la villa des Forestiers est particulièrement beau. La description qu’en fait l’auteur est partagée entre la belle tranquillité du lieu (« brise de printemps », « les parfums des arbustes et des fleurs capiteuses ») et le contexte de la mort (« une flaque de sang », « rouge sanglant », « cette odeur innommable et lourde », etc.) ce qui évoque un contraste et un paradoxe.
Par la suite, vient la Normandie, région de naissance et des jeunes années de Georges Duroy. Ce-dernier rend visite à ses parents, dans la ville de Rouen, sur l’insistance de Madeleine Forestier, qu’il vient tout juste d’épouser. Le paysage est campagnard et forestier (« souffle de résines et d’arbres venu de la forêt voisine »), il présente un grand décalage avec la ville de Paris très moderne et très agitée que connaissent les nouveaux époux.
Enfin, le récit fait référence à certains territoires colonisés, en particulier le Maroc, également à l’Espagne, dans le cadre du bouleversement politique exploité dans Bel-Ami. Mais aucun des personnages du roman n’y a été présent personnellement.
D’autre part, la ville de Paris de la fin du XIXe siècle a été le lieu où s’est déroulée la majeure partie du roman. Paris de la fin du XIXe siècle est une ville moderne, dont la population augmente dotée de larges boulevards, de vastes places et magnifiques bâtiments, où toutes sortes d’individus se croisent. Elle a été en fait récemment rénovée par le baron Haussmann sous le Second Empire, qui a précédé la IIIe République.
Maupassant, auteur naturaliste, profite de son récit pour faire un véritable tableau de la vie parisienne à cette époque particulière. Il décrit les lieux à la mode, comme les Folies Bergères (lieu de vices), la rue du Faubourg Montmartre, le café Riche sur le boulevard des Italiens, le cabaret de la Reine Blanche sur le boulevard de Clichy, ainsi que le bois de Boulogne (lieu de plaisir et de paresse). Maupassant montre un univers de plaisirs et d’apparence, corrompu par l’argent, l’un des thèmes majeurs du roman. Bien entendu, la plupart des lieux décrits dans le roman (à l’exception de l’incipit) sont réservés à une classe sociale aisée (comme les Forestiers) voire très fortunée (comme les Walter).
Ces endroits sont décrits d’une manière détaillée ; par exemple : paris « presque désert », « une nuit froide ». La présentation du champ lexical du froid :  « terre gelée », « souffles glacés », etc. La nuit est retracée par la présence du champ lexicale du ciel dans la nuit : des « astres » et des « étoiles », « dans le silence de la nuit ». Cette description minutieuse par Maupassant et l’usage des figures permettent au lecteur d’imaginer paris et de visualiser une image nette de la nuit, les saisons, les lieux et la foule comme si le lecteur est placé dans l’âme de George Duroy.
En outre, Maupassant n’a pas choisi ces lieux au hasard. Tout d’abord, dans l’incipit, Georges Duroy se dirige vers la rue « Notre Dame de Lorette » qui est un lieu populaire où la prostitution se répand. Notre héros décide alors de changer de lieux et d’ambiance afin d’achever son but : argent et femme. Il se dirige vers « les Champs Elysées et  l’avenue du Bois-de-Boulogne ». Ces deux lieux sont ceux d’une haute société et sont remplis de promenades afin de se montrer heureusement.
Vivre à Paris, à l’époque, c’est vivre pour évoluer, pour grimper l’échelle des classes sociales. Ainsi Duroy en finit rapidement avec une vie médiocre en rentrant au journal : « J’en ai assez de votre boutique. J’ai débuté ce matin dans le journalisme, où on me fait une très belle position ». Paris des années 1880-1885 est la ville de l’expansion des premiers grands industriels et des premiers grands banquiers. Dans cette « salade de société », dans les luxueux salons où se côtoient riches bourgeois opportunistes et vestiges de l’ancienne aristocratie, dans ce monde de corruption, Duroy se forge une carrière. Comme Hippolyte Taine  le résume bien, à Paris, il y a « un seul but : vivre et paraître ». 

En troisième lieu, Maupassant profite du contexte historico-politique afin de créer un roman et une histoire de plus en plus réaliste tout en exploitant l'atmosphère de la IIIe République dans son roman ainsi que l’affaire tunisienne (qu’il a présenté comme marocaine dans le roman).
Tout d’abord, nous pouvons situer le récit de Maupassant dans les débuts de la IIIe République. Cette république, c’est le nouveau régime de la France depuis 1870, qui succède à plusieurs autres tentatives, comme la monarchie constitutionnelle ou l’empire. Après les évènements traumatisants et désagréables de la guerre franco-prusse et de la Commune, la France adopte officiellement le régime républicain en 1875. Ce dernier, institue un Parlement très puissant, comportant deux chambres parlementaires, un gouvernement issu et contrôlé par le Parlement, et un Président aux pouvoirs limités. La IIIe République sera marquée par de grandes réformes sociales (notamment les lois Ferry sur l’éducation) mais aussi par une relance de la colonisation, qui amènera des tensions entre les Etats européens. La IIIe République enfin est un régime de scandales, en particulier celui des « décorations » en 1887, à la suite duquel le président Grévy démissionnera. Nous retrouvons tous ces aspects du régime dans le roman de Maupassant, de manière plus ou moins nette. L’affaire des décorations, par exemple, est « reprise » dans Bel-Ami avec la chute du ministre Laroche-Mathieu, le même qui a accordé la Légion d’honneur à Duroy. Maupassant parle parfois par l’intermédiaire de son héros, notamment lorsque ce dernier s’exclame : « quels crétins que ces hommes politiques », montrant par-là que l’auteur ne les tient pas en haute estime.
En outre, Maupassant introduit une affaire extrêmement contemporaine dans son roman qui permet d’attirer encore plus l’attention des lecteurs de l’époque : l’affaire tunisienne présentée dans son roman comme l’affaire marocaine C’est également pour l’auteur l’occasion d’émettre plusieurs critiques sur la manipulation de l’opinion publique, la corruption de la presse et des hommes politiques, et sur la colonisation.
Dans la réalité,  le gouvernement français prétend ne pas s’intéresser à la Tunisie à l’époque, déjà convoitée par l’Italie. Avec l’aide de certains grands journaux (comme Le Gaulois et la République Française) il incite les actionnaires à vendre leurs actions en Tunisie. A ce moment, certaines personnes privilégiées rachètent ces actions à bas prix, connaissant la vérité. En effet, peu de temps après, la France envoie des troupes en Tunisie pour contrer une révolte locale, puis conclue un accord avec le bey de Tunis. L’accord permet l’établissement d’un protectorat français en Tunisie, les actions tunisiennes prennent alors beaucoup de valeur et ceux qui les avaient rachetées s’enrichissent.
Dans le roman, la Tunisie devient le Maroc et l’Italie devient l’Espagne, mais cela ne change pas fondamentalement l’affaire que décrit Maupassant. Duroy fait partie des personnes privilégiées, comme Walter et Laroche-Mathieu qui peuvent s’enrichir suite à la manipulation de l’opinion publique par des journaux comme La Vie Française.
Ainsi, d’autres ressemblances à la réalité sont entre le personnage de Georges DuRoy et Maupassant l’auteur ; Georges, le protagoniste ressemble  à l’écrivain. Les  deux sont nés en Normandie, ainsi que les deux se sont attachés au monde de la presse et du journalisme : Maupassant a travaillé au Gaulois et le Gil Blas qui sont deux journaux parisiens abordant essentiellement les thèmes de politiques, que nous pouvons comparer à  la Vie Française. Donc, les deux ont participé à l’intégration des colons en Algérie comme des officiers, tous les deux ont été des journalistes, tous deux ont connu une ascension sociale éclatante.

En guise de conclusion, nous pouvons dire que Bel-Ami en tant qu’un livre appartenant au courant réaliste, a été une réflexion de la société parisienne à la fin du XIXe siècle. Maupassant a été capable de dépeindre le caractère de Georges DuRoy dans un cadre spatio-temporel inspiré du contexte historique dans lequel il a vécu. Cela a permis de rendre l’histoire encore plus réelle et les détailles plus précises.      



Bibliographie :


Commentaire sur le film "Bel-Ami"


Bel-Ami, le roman éponyme de Guy de Maupassant, n’a non seulement rencontré un grand succès sous forme d’un livre mais ainsi sous forme de films de cinéma. Plusieurs versions ont été réalisées ; quelques unes anciennes et d’autres plus récentes et la dernière était celle où le rôle de bel-Ami a été joué par le fameux jeune acteur, Robert Pattinson. Cependant la version du film étudiée est plus ancienne, elle date de 2005. Avec Michel Martens et Philippe Triboit comme scénaristes d’adaptation du film ; ils ont transformé les pages du livre de Guy de Maupassant en quelques scènes. Le personnage de Georges Duroy a été joué par l’acteur français, Sagamore Stevenin avec le caste féminin composé de Claire Borotra dans le rôle de Clothilde de Marelle, Florence Pernel comme Madeleine de Forestier, Caroline sihol sous le rôle de Mme Walter, Suzanne jouée par Audrey Lunati et Caroline Baehr comme Rachel. L’ambiance de Paris de 1880 a été aisément reproduite avec des costumes adéquats et appropriés à l’époque. Cependant la succession des évènements soit les péripéties n’ont pas été typiquement les mêmes : plusieurs scènes ont été supprimées, changées, modifiées ou même ajoutées. En effet, au lieu de prendre Madeline pour voir ses parents, il prend Clothilde.  Ainsi plusieurs scènes on été supprimées ; la scène de la conversation avec Norbert de Varenne sur la mort et plusieurs autres. Egalement un personnage a été ajouté : Bardin. Ce dernier était le l’assassin qui s’est fait emprisonné et qui connaît tous les confidences de Georges Duroy. Malgré les différences existantes entre le livre et sa reproduction cinématographique, les réalisateurs ont pu maintenir la même idée essentielle qui s’illustrait en l’ascension de Georges àtravers les femmes et son caractère opportuniste qui le pousse à tout faire pour arriver. Pourtant le caractère de Bel-Ami dans le film a été un mois démoralisé que celui dans le livre. Cela pourra bien mettre l’adaptation des romans sous forme de films en question ; pouvons-nous considérer cette technique de trahison étant donné que des scènes sont enlevées, d’autres ajoutées et encore d’autres modifiées ?  

Plan de l’incipit
Bel-Ami
                                                        De Guy de Maupassant


      I.         L’auteur dépeint un tableau réaliste du cadre

a)    Description de l’esthétique de la ville
b)   Description du coté péjoratif y compris les misères sociales
c)    La présence du réalisme : exploitation des cinq sens

    II.         L’introduction des personnages

a)    Description du protagoniste : Georges Duroy
b)   Description des habitants de la villes : les citoyens

  III.         Un incipit révélant

a)    Vocabulaire militaire
b)   L’incipit déjà en action
c)    Début du parcourt initiatique  




Plan de l’excipit

Bel-Ami
                                                        De Guy de Maupassant


      I.         Du Roy passe du sombre à la lumière

1)   Métaphore sombre et lumière = lumière qui pénètre dans la sombre église
2)   Les portes de l’église qui s’ouvre = nouvelle vie
3)   Il s’est transformé d’un anonyme dans la foule au centre d’attraction la foule

    II.         Les désirs illimités et le regard vers le futur

1)   Regards externes
a)    Regards d’envie de la part de la foule
2)   Regards internes
a)    Regards de plaisirs de Du Roy
b)   Regard de focalisation interne sur Mme de Marelle
c)    Regard flou sur Mme de Marelle
3)   Désir d’avoir deux choses à la fois : Mme de Marelle et Suzanneà égoïsme
4)   Comparant excipit à l’incipit
a)    incipit : avait le désir de femmes, argent et amour
b)   excipit : possède tous mais pas encore satisfait = désirs illimités.

  III.         Profanation du lieu sacré

1)   Le désir : sentiment contradictoire aux valeurs religieuses
2)   Impureté de Du Roy qui possède un désir pour Mme de Marelle qui n’est pas sa femme dans l’église




Analyse : Les Colchiques - Apollinaire - 

Alcools 


Jadis représentée  comme une déesse, un être sacré, une créature de beauté extraordinaire, la femme était dépeinte comme le symbole de la beauté et de la délicatesse. La représentation de la femme a évolué tout au long de ces trois derniers siècles au niveau de la littérature et surtout dans la poésie : le regard sur la femme n’a pas cessé de changer. Autrefois, connu comme un ange, comme la lumière qui illumine la vie sombre de tout homme, cette chimère commence petit à petit à se briser et des caractères négatifs s’accumulent dans cet être autrefois décrit comme pur et parfait. Baudelaire, avec son recueil « Les fleurs du mal » commence le chemin vers l’imperfection  de la femme, il présente la femme autant pour sa beauté que pour sa laideur, pour son bien que pour son mal. Guillaume Apollinaire, le grand écrivain français dans le poème « Les Colchiques » dans son recueil Alcools, prend ce thème encore plus loin et ne présente que la laideur, le mal et la fatigue de la femme. Considéré comme l’un des plus grands poètes du courant surréaliste,  un innovateur qui a présenté un sujet débattu, il fait allusion à la gouvernante Annie Plaiden.  Une question se pose, comment le poète a-t-il présenté une image inquiétante de la femme d’une manière novatrice et symboliste? Dans cette étude, nous allons étudier tout d’abord le renversement du cliché développé par le grand écrivain, ensuite l’utilisation du symbolisme et finalement la structure musicale du poème.  

Premièrement, Apollinaire est considéré comme un innovateur et un précepteur vu qu’il renverse un cliché ou un thème jadis exploité par des grands poètes comme Ronsard et Baudelaire. En effet, il a renversé le thème des fleurs qui sont traditionnellement admirables ainsi que celui de la femme qui est le plus souvent douce et belle. Tout d’abord, la fleur représente la femme : traditionnellement c’est une belle fleur qui s’offre à l’amour du poète, mais dans le poème d’Apollinaire, ce thème est renversé. En fait, la fleur est « vénéneuse », le Colchique tient son nom du Colchide qui est la terre natale de Médée. Cette dernière est une sorcière de l’Antiquité qui a tué et empoisonné son frère et ses deux enfants avec le colchique. Alors l’idée d’une fleur généralement référant à la beauté et l’émerveillement est remplacée dans le poème d’Apollinaire par le poison et le venin. Egalement afin de souligner cela, une répétition du verbe « s’empoisonne » était régulièrement présente surtout à la fin des vers afin de laisser apparaitre un effet sonore accrocheur dans les oreilles du lecteur.
En outre, la femme est représentée comme étant laide et fatiguée. De fait, il l’a décrit ayant des « cernes » qui sont les marques de l’épuisement. De plus, comme déjà mentionné, la fleur symbolise la femme et par la suite, la femme est considérée comme vénéneuse ; elle est un poison pour chaque homme qui l’admire exactement comme l’est le colchique pour chaque vache qui le mange. Les couleurs dominantes sont le mauve et le lilas qui sont deux couleurs rappelant la mélancolie et de la mort, ces couleurs sont présentes dans la fleur et pareillement sur le visage de la femme (sous forme de cernes).  En outre, le colchique est une fleur qui se reproduit d’elle même, elle n’a pas besoin de mâle, cela illustre la situation de la femme aimée qui  n’a pas besoin du poète. De plus, nous pouvons remarquer que dans les dixième et onzième vers, Apollinaire généralise le fait que non seulement la femme qu’il aime est empoisonnante, mais c’est le cas de toutes les femmes : «[…] les colchiques qui sont comme des mères – Filles de leurs filles ». Bref, Apollinaire a pu à partir de son poème de quelques vers, renverser le cliché existant depuis des siècles de la femme douce et parfaite et des fleurs belles et inoffensives en une vision symbolique présentant la femme comme un poison lent et séduisant.    

Deuxièmement, le symbolisme est un courant et mouvement littéraire et artistique qui est apparu au XXe siècle, dans lequel l’écrivain exprime ses émotions à travers description d’autres éléments. En d’autres mots, c’est le fait d’exprimer des idées implicitement avec l’usage des symboles au lieu d’une déclaration directe et explicite. A partir de ce poème, nous pouvons remarquer un l’utilisation du symbolisme, en fait le poème décrit la nature parfaitement telle qu’elle est cependant en symbolisant chaque élément pour un autre. En d’autres mots, le poème au complet est une métaphore de l’histoire de l’amour impossible d’Apollinaire avec Annie Plaiden.
 Tout au long du poème, afin d’exprimer sa souffrance, le poète  symbolise la femme par les colchiques qui empoisonnent les vaches. Ces derniers sont les hommes qui tombent sous son charme. En effet, la femme est comparée aux colchiques dans tout le poème à commencer par la description physique de ses yeux : « le colchique couleur de cerne et de lilas y fleurit tes yeux sont comme cette fleur là » à partir de ces deux vers, le poète décrit la fatigue de la femme en comparant la couleur de ses cernes aux colchiques. En outre, il compare une deuxième fois la couleur des paupières à la couleur des colchiques qui eux aussi battent au vent à la manière du battement de ses paupières. Plus, il compare les mères aux colchiques, toutes les femmes sont donc généralisées comme étant pareilles. Donc, le poète utilise une figure de style essentielle qui était la comparaison afin de transmettre un message : la femme est empoisonnante, elle n’est pas toujours si douce.  En plus, il exprime une grande souffrance en se comparant aux vaches qui sont tombés sous le charme de la femme. En fait il possède une peine cachée qui peut être dévoilé à partir de la répétition des mots « lentement s’empoisonnent » qui s’achève avec l’abandon et le renoncement « tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent ». Alors, Guillaume apollinaire a écrit son poème sous forme d’une métaphore afin d’exprimer son chagrin et sa mélancolie comparant sa situation à celle des vaches empoisonnées par une fleur (la femme).

Troisièmement, ce poème possède une structure assez particulière vu qu’il ne respecte pas les règles de versification. En fait, il est d’abord composé de 15 vers libres alignés sous forme de trois strophes irrégulières : la première strophe contient 7 vers, la deuxième strophe contient 5 vers et la dernière 3 seulement. Ainsi le manque de ponctuation et le fait que le deuxième et le troisième vers soient un alexandrin coupé en deux donne l’impression que le poème est libéré des contraintes classiques d’écriture.
Nous pouvons remarquer de la structure sous trois thèmes ; en premier lieu, le pré qui commence en étant vénéneux mais à la fois joli, le sentiment d’abandon n’est pas encore présent étant donné les vaches y passent doucement, progressivement, les vaches abandonnent et à la fin du poème le pré devient vide et donc vaste et se transforme en mal fleuri. Ceci est la situation du poète qui est abandonné et se retrouve à la fin tout seul. Ainsi, c’est l’atmosphère d’un amour perdu couplé à l’automne qui est la saison de la mélancolie et du chagrin. Le pré dans le premier vers est joli grâce à l’automne mais au dernier vers il est mal fleuri par l’automne.
En deuxième lieu, la fuite du temps illustre la structure, en effet les strophes se raccourcissent, commençant par un septain ensuite passant à un quintil et terminant par un tercet.
En troisième lieu, la structure met ainsi en œuvre les trois étapes de la souffrance qui sont le déni, la rage ou la colère et finalement l’abandon ou l’acceptation de la réalité. En fait, la première strophe illustre le dénie puisque le poète n’est pas conscient du danger : « le pré vénéneux mais joli en automne », il est en train de souffrir mais en n’est pas conscient alors il n’abandonne pas «les vaches y paissant lentement s’empoisonnent ». Ensuite dans la deuxième strophe, il y a une prise de conscience amenant avec elle de la rage « tes paupières qui battent comme les fleurs battent au vent dément ». Cette dernière est une comparaison d’un caractère physique de la femme aux fleurs qui battent au vent dément et fou ce qui évoque un sentiment de rage et de colère, surtout avec l’emploi de l’adjectif « dément ». Finalement la troisième strophe est l’acceptation « lentes et meuglant les vaches abandonnent ». Après avoir souffert, il est temps que les vaches abandonnent le pré et donc que l’auteur oublie son amour.  
Par ailleurs, le poème possède une musicalité et une continuité particulières. En effet, nous pouvons remarquer une assonance dans le son « en » : « paissant lentement s’empoisonnent ». Cette assonance donne une impression de lenteur du rythme, le lecteur en fait ralentit sa lecture dans cette partie. En outre, une allitération du son « k » : « les enfants de l’école viennent avec fracas vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica ». En effet dans cette dernière allitération, nous pouvons remarquer une relation entre la musicalité du poème et le contenu ; la prononciation du son k est forte juste comme le contenu qui fait référence au bruit puisque les enfants viennent avec fracas (en faisant du bruit) en plus joue de l’harmonica (ce qui produit encore plus de bruit). Ces éléments évoquent de la vie, de mouvement et du bruit, ils se situent en fait dans la deuxième strophe qui rappelle la colère et la rage. 
En plus, concernant les rimes, la plupart sont des rimes suffisantes, comme par exemple « automne – empoisonnent ». Nous pouvons dire que malgré les différences de la structure, ce poème peut ressembler à un sonnet, vu qu’il traite des mêmes thèmes (le temps, l’amour et la nature) ainsi que l’accélération et la lenteur du rythme.

En définitive, Guillaume Apollinaire, un poète surréaliste et innovateur, a pu exprimer ses sentiments envers son histoire d’amour perdu et dans laquelle il est  victime d’une femme vénéneuse. Tout en créant une nouvelle représentation de la femme, il a utilisé le symbolisme pour figurer sa réalité. Le thème de l’amour déçu et de la fuite du temps revient régulièrement dans le recueil de poème Alcools. Par ailleurs, « l’alcool » empoisonne, comme la fleur de Colchique. Cependant comment a-t-il pu généraliser et juger toutes les femmes comme étant néfastes après sa propre expérience ? Est-ce qu’il juge le tout par une seule personne, ou est-ce que ceci n’est qu’une réaction furieuse suite à cet amour perdu ?

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